La paroles des écoutants*

Le témoignage des écoutants* par Eric DENOYER

Lors du Colloque organisé par Allo Alzheimer, « Écoute et maladie d’Alzheimer », les bénévoles ont témoigné de leur expérience d’écoutants.
Éric Denoyer, ancien bénévole d’Allo Alzheimer, avait porté leur parole auprès du public ce jour-là. Depuis, il nous a quitté et c’est à la fois pour partager l’expérience des écoutants de l’antenne et pour lui rendre un dernier hommage que nous vous proposons de découvrir ici les grandes lignes de son intervention.

L’écocute, c’est une ambiance, un état d’esprit, une présence à l’autre qui sont le fruit d’un processus de formation, de préparation de l’équipe de bénévoles

L’écoutant est-il seul ? Cette solitude apparente est déjà une proposition de rencontre.

Dire l’indicible et savoir l’accueillir : la tranche horaire a une importance sur ce qui se dit. Jusqu’à 18h, on appelle pour des renseignements, après 20h, on se raconte autrement.

Le bénéfice pour l’appelant : lâcher, être autorisé, être reconnu dans sa réalité car souvent la personne malade est au 1er plan !

Pour l’écoutant : savoir et pouvoir entendre la détresse, l’agressivité, la violence, le silence.

Pas de jugement, juste écouter pour diminuer, pour l’appelant, la violence de son propos. Après le pic, on revient souvent à un raisonnement plus apaisé, plus clair.

On écoute avec notre humanité.

La difficulté: le grand écart pour l’aidant** entre : « Je dois m’occuper de moi mais je dois aussi être présent auprès de mon proche. », grand écart qui amène souvent l’aidant au bout de ses capacités physiques et psychiques et comme un élastique trop tendu, il craque. On nous appelle juste avant que ça craque ou pendant ou juste après : « Mon Dieu, je réalise que ça y est, il est en institution… »

L’écoute permet de laisser sa place au Sujet à part entière : l’aidant est souvent pris dans ses propres représentations de la situation, du malade, de lui-même…L’écoute permet de dissocier l’appelant du malade.

L’urgence : l’écoutant doit freiner l’urgence pour ne pas être pris lui-même dans l’urgence de l’appelant.

L’écoute, c’est permettre la mise en mots.

Pas d’obligation de résultat, aucune standardisation possible car chaque appel est unique (comme l’est la manifestation de la maladie pour chacun).

Durant l’écoute, il y a deux présents face à l’écoutant : l’aidant que l’on écoute et celui qui est au second plan : le malade souvent.

* Écoutants ce sont les bénévoles qui expriment sur les appels qu’ils réceptionnent

** Aidants ce sont ceux qui aident les personnes atteintes d’Alzheimer